À la fin du XIXe siècle, la production sérielle de vêtements selon des tailles standardisées (confection) et la grande distribution connaissent un essor considérable à Berlin, capitale du nouvel Empire allemand fondé en 1871. En recourant à la notion de « système de la mode », le présent travail explore les mutations d’un système caractérisé par l’interaction nécessaire de trois acteurs principaux : la production, la distribution et la société. Cette histoire culturelle éclaire un corpus fragmenté, fait des traces héritées d’un secteur principalement juif, démantelé trente ans plus tard. Les études sociales, les journaux de mode, les annuaires de Berlin, les réclames et les rares documents de magasins reflètent une mode en mutation : la confection produit des nouveautés et la distribution attire une clientèle diversifiée. Ce contexte redéfinit la place des couches sociales dans le système de la mode. Enfin, ces changements entraînent une lente évolution des normes sociales et genrées qui s’appliquent désormais à la femme bourgeoise et à celle des couches moyennes. ; At the end of the nineteenth century, standardised serial production of clothing (Konfektion) and large retailing took off in Berlin, the capital of the new German Empire founded in 1871. Using the concept of fashion as a system, this work explores the changes ina system characterised by necessary interactions between three actors: production, retailand society.This history sheds light on fragmented sources, on the inherited traces of a mainly Jewish sector, dismantled thirty years later. Social study cases, fashion journals, Berlin directories, advertisements and the mere documents left by stores mirror how fashion changes: Konfektion produces novelties and retail attracts a diversified clientele. This context redefines the importance of social hierarchies in the fashion system. Finally, these changes transform slowly social and gender norms imposed not only on bourgeois but also on lower-middle-class women.
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