Ce travail a pour finalité de définir exactement ce que représentent les vocables Wanderschaft et Wanderung dans la littérature non fictionnelle de langue allemande entre 1770 et 1850. Ces deux concepts désignent tout voyage effectué majoritairement à pied pour diverses motivations, mais peuvent aussi prendre des sens métaphoriques, essentiellement religieux. Par l’analyse aussi bien synchronique que diachronique du réseau lexical, ainsi qu’à l’aide d’une approche pluridisciplinaire de divers types de documents intégrant littérature, linguistique, théologie, historiographie, arts visuels, musique et journalisme, il a été possible d’établir non seulement la polysémie des deux mots, mais aussi quelles fonctions ces termes recouvrent, en les replaçant dans leur contexte global. La préférence a été donnée à l’écriture non fictionnelle (relations viatiques, guides, correspondance, ouvrages pédagogiques). Les auteurs des récits de voyages pédestres sont originaires de deux couches distinctes de la société de cette époque : d’une part, l’élite cultivée (un groupe composite en train de se développer, majoritairement originaire de la bourgeoisie aisée), et de l’autre, les Compagnons, oscillant suivant les cas entre la moyenne bourgeoisie et le prolétariat, soudain revalorisés socialement par la publication de leur carnet de voyage. Tous sont originaires des pays de langue allemande, y compris les parties germanophones du royaume du Danemark et de la Suisse. L’évolution de l’emploi et des fonctions de ces deux vocables, ainsi que de leur champ associatif, reflète celle des structures sociales, économiques et culturelles entre 1770 et 1850. Parallèlement, la réduction et la virtualisation du voyage pédestre, amorcées dans les parcs à l’anglaise aristocratiques, se poursuivent dans les panoramas urbains, les pièces ou le jardin des demeures, ainsi que dans les jeux de société. Enfin, l’analyse est complétée par l’examen de la réception des deux notions dans les journaux, périodiques et almanachs, ainsi que dans la littérature didactique pour la jeunesse, les chansons populaires et les arts visuels. ; The ultimate goal of this work is to clarify the precise definitions of Wanderschaft and Wanderung in non-fictional writing in the German language between 1770 and 1850. Those two concepts refer to any journey, mainly done on foot, undertaken for a variety of motives, but they can also take on a metaphorical sense, primarily religious. By use of both synchronic and diachronic analysis of the lexical network, as well as with the help of a multidisciplinary approach to a variety of documents, integrating literature, linguistics, theology, historical texts, visual arts, music and journalism, it has been possible to establish, not only the polysemy of the two words, but also which functions these terms cover, by putting them into their global context. Preference has been given to non-fictional writing (accounts by travellers, correspondence, educational works). The authors of accounts of travels on foot in this period come from two distinct social classes: on one hand, the cultural elite (a composite group, just coming into being and originating mainly from the affluent bourgeoisie) and on the other hand, the Companions, ranging in different cases from the middle to the working class, suddenly given social validation by the publication of their travel notes. They all come from German-speaking countries, including parts of the Kingdom of Denmark as well as of Switzerland. The evolution of the use and functions of those two words, as well as their associative fields, mirrors that of the social, economic and cultural structures between 1770 and 1850. At the same tine,the scaling down and virtualisation of the pedestrian journey, initiated in aristocratic English-style parks, continue in urban panoramas, the rooms or the garden of grand houses, as well as in society's games. Finally, the analysis is completed by examining how the two notions are dealt with in newspapers, periodicals and almanacs, as well as in didactic literature for young people, popular songs and the visual arts.
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