Comment un petit geste (une minute, le temps d'une Marseillaise) est-il devenu un grand geste historique, présent non seulement dans les manuels scolaires d'histoire, mais aussi dans la mémoire collective ? Ce geste posé entre chefs d'Etat français et allemand n'était pourtant pas le premier, ni le dernier. Il semblait devoir s'inscrire dans la série de gestes qui se sont succédé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sous l'impulsion notamment de Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Alors comment est-il devenu, de manière quasiment exclusive, le symbole de la réconciliation franco-allemande ? Le geste de Verdun est même devenu un lieu de mémoire, dans le sens où l’entend Pierre Nora, faisant lui-même l'objet de commémorations. Mais a-t-il encore quelque chose à dire dans un monde qui a considérablement changé en presque quarante ans ? En s'appuyant sur l'ample réflexion scientifique menée depuis plusieurs décennies déjà autour des questions de mémoire, mais aussi sur les nombreux travaux historiques menées sur la période, ce travail se propose de confronter les archives gouvernementales, diplomatiques mais aussi médiatiques des deux pays, afin d'essayer de mieux comprendre l'originalité du Geste posé par François Mitterrand et Helmut Kohl, le 22 septembre 1984, face à l'Ossuaire de Douaumont. ; How did a small gesture, which only took one minute – the time it takes to sing a “Marseillaise” – become such a powerful historical landmark, recorded not only in historical textbooks but also in the collective memory? After all, this moment of symbolic friendship between French and German Heads of State was neither the first nor last ; it seemed instead to be only one in a series of gestures made since the end of the Second World War, encouraged by Charles de Gaulle and Konrad Adenauer. So how did this moment, “the gesture of Verdun”, become the most famous symbol of Franco-German reconciliation? Like the battlefield of Verdun, the gesture has become, in its own right, what Pierre Nora has termed a “lieu de ...
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